Je travaille souvent avec ce qui reste, parfois par économie de moyen mais aussi par sensibilité. Ma matière première vient de la collecte de matériaux, quel qu’ils soient : documents d’archives,  images, interviews, objets , déchets, mobilier abandonné, presse écrite. Je m’intéresse  à ce qui laisse une trace. Ce sont des choses qui résistent et qui interrogent  la mémoire. J’explore des notions qui appartiennent  à d’autres domaines : philosophique, géographique et historique ou scientifique, et c’est dans la rencontre souvent fortuite entre ces éléments/matériaux et ces notions que naissent les pièces.

En fait, je fonctionne plutôt par projet qui sont des marqueurs temporels dans l’évolution de ma pratique.  Les pièces que je réalise ne sont pas isolées, elles appartiennent à des systèmes plus larges qui les articulent les unes aux autres.  Elles sont toutes historiquement reliées à un projet plus global (souvent un film ou un spectacle) qui parfois trouve son aboutissement  des années plus tard. Mes travaux sont un peu comme les sédiments d’une histoire. Dans mes expositions, j’essaie de mettre les choses en dialogue, de trouver des liens narratifs entre les oeuvres.

La question de notre rapport à l’espace et au temps, et par extension à l’origine , au parcours, à la géographie, à la trace, à la mémoire, s’est développé au fur et à mesure de mes recherches, et  s’est imposée comme paradigme.